Le joli cahier de… Flore

17 septembre 2017 | le joli cahier de...

Flore a 35 ans, elle habite dans le Nord de la France. Elle est responsable des ressources humaines dans l’industrie agro-alimentaire. Elle et moi ne nous connaissions pas il y a un mois. C’est sur Facebook que nous nous sommes rencontrées, dans un groupe privé que nous fréquentons toutes les deux.  Quand, à l’occasion d’un post, j’ai évoqué mon projet autour des cahiers et de l’écriture, Flore a été la première à m’adresser ses encouragements. Et pour cause : ses cahiers font partie intégrante de sa vie quotidienne. Je ne pouvais donc manquer de m’intéresser à elle ! Nous avons convenu d’un rendez-vous téléphonique, qui fut très étrange puisque nous avons, dans la même heure, fait connaissance et échangé des propos extrêmement personnels. J’ai découvert une jeune femme déterminée à changer de vie pour s’aligner avec ses valeurs et répondre à ses aspirations les plus profondes et qui considère l’écriture comme un outil incontournable de ce renouveau.

 

 

 

 

 

Au début de notre échange Flore m’indique que les cahiers et donc l’écriture sont pour elle des outils du quotidien. A la fois dans sa vie professionnelle, où ils prennent « un caractère purement technique, sans aucune forme d’inspiration » et dans sa vie personnelle où ils sont les artisans d’une profonde remise en question.

 

 

 

Quand je demande à Flore de me préciser quelle place occupent les cahiers dans son environnement de travail, elle me dit qu’ils sont comme une bouée de sauvetage : cette curieuse métaphore m’étonne… Flore décode.

 

 

 

« Je brasse de multiples informations, je m‘entretiens avec beaucoup de personnes : cela me rassure de consigner tout cela dans mon cahier. Et puis, lorsque je mène un entretien avec un salarié, c’est plus simple de prendre des notes et cela facilite l’échange plus sûrement que s’il y avait un ordinateur entre nous. Au-delà des notes au fil de l’eau et des to-do-list, mon cahier m’aide aussi à prendre du recul quand je dois attaquer des sujets nouveaux ou plus ardus. Je prends une heure, je note les questions qui arrivent, je décris la manière dont je peux aborder le sujet… Je fais aussi cela quand je sens une résistance ; je prends mon cahier, je fais un état des lieux : face à un blocage, c’est une façon de passer à l’action ! »

 

 

 

De cet usage raisonné du cahier, il n’est point question dans sa pratique personnelle. Flore l’avoue : des cahiers, chez elle, il y en a partout, jusque dans son lit ! Des grands cahiers, des feuilles volantes, des petits carnets, des stylos, tout est à portée de mains pour lui permettre d’assouvir cette envie d’écrire.

 

 

 

Ses pratiques d’écritures sont multiples et variées : « J’ai un cahier dédié à mes pages d’écriture libres, à mes exercices d’attractions et d’affirmations. Dans un autre, je consigne les phrases, les mots, les idées… en gros tout ce qui me tombe dessus, en vrac. J’ai aussi un cahier où je raconte mes rêves quand je m’en souviens. J’ai aussi un petit carnet dans mon sac à main qui me sert à noter des réflexions personnelles. Bref, j’ai plusieurs cahiers ouverts en même temps. Ils ne sont pas beaux, mais pratiques, j’utilise ce que j’ai sous la main, ce sont des cahiers d’urgence. En revanche, le jour où je choisis un joli cahier, c’est comme si je me faisais un cadeau.»

 

 

 

 

 

Ecrire est pour moi transformationnel.

 

Je sens chez Flore une frénésie d’écriture : je lui demande si elle pratique depuis longtemps. Je suis étonnée quand elle me répond que cela fait seulement un an que le besoin d’écriture s’est fait pressant. La conversation prend alors un ton plus intime. « Avant j’étais beaucoup dans une approche intellectuelle des choses et jusqu’à récemment je ne m’étais pas beaucoup écoutée dans la vie. Je me suis adaptée à tout, je contenais mes émotions. Pendant longtemps, je n’ai pas su prendre ma place. Aujourd’hui, j’ai besoin de m’exprimer, d’être entendue. Ecrire est pour moi transformationnel, cela me permet de me libérer. Quand j’écris, je ne vois pas le temps passer, je ne suis pas esclave du temps, je suis dans le flow.  Et dans les heures qui suivent cela me procure un bien-être certain. »

 

Cette transformation dont elle me parle se traduit aussi très concrètement dans sa vie professionnelle puisque Flore suit actuellement une formation de coaching qui l’amènera prochainement à quitter un job dans lequel elle ne se reconnait plus. Elle m’évoque à demi-mot la dureté des rapports humains, des questions de valeurs et d’éthique qui ne lui permettent plus d’appréhender sa fonction sereinement. Elle aspire clairement à un changement de vie profond.

 

 

 

A ce stade de notre conversation, je la questionne sur un éventuel journal intime à l’adolescence. Compte-tenu de sa forte appétence pour les mots et l’intime, je suis sûre qu’elle va me dire oui. Flore me surprend encore : «Oui, j’ai commencé plusieurs fois, et je n’ai jamais tenu car je ne le faisais pas pour de bonnes raisons, mais surtout parce que voyais ça dans les séries pour ado ! Mais à l’époque, ce n’était pas moi.. En revanche, au fil du temps, j’ai remarqué que beaucoup de personnages qui me sont sympathiques induisent un rapport à l’écrit : par exemple Carrie Bradshaw dans Sex and the City écrit des chroniques, Lena Dunham dans Girls incarne une jeune écrivaine… il n’y a pas de hasard ».

 

Non, Flore il n’y a pas de hasard, quand au détour d’une phrase tu me précises que ton papa était imprimeur : le rapport au papier et aux mots vient de loin… et tu ajoutes même que tu as un rapport charnel aux livres, c’est pour cela que la liseuse, très peu pour toi !

 

 

 

Une question me vient alors : aurait-elle envie d’écrire un ouvrage de fiction ? Et là bingo ! Je ne peux pas me tromper à tous les coups. Elle m’avoue en avoir envie et c’est sans doute ce qu’elle s’appliquera à faire dès qu’elle sera libérée de ses contraintes professionnelles actuelles. Pour cela, elle envisage même un « exil » en Espagne pour libérer sa créativité et ses mots par un changement d‘environnement radical.

 

 

 

Avant de nous quitter je demande à Flore de m’indiquer dans quel cahier elle aimerait bien se glisser : « C’est difficile de n’en choisir qu’un seul. Je trouve passionnant de lire les productions personnelles. Plus c’est personnel et authentique, plus ça fait ressortir les complexités et paradoxes des individus. Si je choisissais un personnage célèbre je prendrais Walter White, le héros de la série Breaking Bad. J’adore les séries TV et j’en ai vu un paquet. J’ai trouvé que c’était l’un des personnages les plus fascinants jamais « construit ». La série reflète tout en subtilité son évolution psychologique, ses conflits de valeurs, de morale, la lutte entre l’égo et le moi, l’attirance pour le pouvoir etc, et si ce qu’il vit durant les cinq saisons était relaté de son point de vue dans un cahier je le dévorerais, tout simplement. Ce personnage représente à mes yeux un archétype moderne. Il ouvre un champ de réflexion au spectateur sur la condition humaine, et lui permet d’expérimenter l’évolution de ce qu’il ressent face à ce personnage qui oscille entre le bien et le mal, constamment. En ce qui concerne des personnes réelles, j’adorerais accéder aux cahiers de mes ancêtres pour mieux me connaitre moi-même. »

 

Je regrette alors d’être géographiquement loin de Flore, car je pense que j’adorerais refaire le monde avec elle autour d’un café !

 

 

 

Pour finir, elle me confie sa phrase mantra :

 

On récolte ce que l’on sème.

 

Elle me précise qu’elle lui donne le courage de ne pas lâcher dans les moments de tempête, de se dépasser, et de tenir la distance quand les résultats d’une action se font attendre. « La vie m’a appris qu’on ne sait jamais la forme que prendra la récolte, ni quand ça arrivera, et que moins on se prend la tête avec cela, mieux c’est. Cette phrase me rappelle que je suis responsable de mes actes. Je la vois comme une phrase qui « rend meilleure. »

 

 

 

 

 

Si vous avez envie de lire ce qu’écrit Flore, elle publie de chouettes articles sur sa page Facebook « Flore s’envole »

 

Si comme Flore vous voulez vivre la #feelgoodpapertheorie, alors, à vos cahiers !