le joli cahier de… Audrey

3 Déc 2017 | le joli cahier de...

Parisienne depuis cinq ans, Audrey est pourtant toujours une fille du sud, qui revendique sa double culture franco-italienne. C’est sûrement ce mélange qui a forgé une personnalité solaire, épicurienne (ces instastories sur les Grands Buffets de Narbonne la trahissent…). Une “fille trop curieuse”, comme elle le dit elle-même, et qui tient surtout à rester un électron libre. C’est peut-être, sûrement, ce dernier trait qui vient de la pousser à quitter le confort du salariat pour mener sa barque en tant que consultante business et digital. Elle est aussi celle qui préside à la destinée du blog « Les Initiatives Joyeuses », lequel est, comme son nom l’indique, un concentré de bonnes ondes et une ode à la « positive attitude ». Nous partageons la certitude que la vie n’est pas une suite de hasards mais plutôt une succession de signes dont il faut savoir se saisir. Ce n’est donc pas par hasard, j’en suis sûre, si Audrey et moi avons noué un dialogue lors d’une soirée parisienne organisée par Valérie Tribes où nous étions plutôt sensées parler Chiffon ! L’écriture, le développement personnel, l’influence de l’esprit sur le corps ont tout de suite été au coeur de notre discussion, qui s’est terminée bien trop vite à mon goût. Nous nous étions promis de nous revoir, je savais qu’elle aurait des choses fort intéressantes à me dire sur ses pratiques d’écritures. C’est dans un salon de thé cosy, logé dans une charmante impasse du 6ème arrondissement, que nous nous sommes retrouvées il y a quelques semaines, pour reprendre la conversation là où nous l’avions laissée…

 

J’ai repris l’écriture manuscrite, dans un cahier, en novembre dernier. J’étais dans un moment plutôt difficile, en plein coeur d’une prise de conscience qui devait m’amener à changer radicalement de chemin. À ce moment, la lecture et l’écriture ont été des piliers de cette introspection. J’avais notamment un point particulièrement bloquant. Tellement lourd intérieurement qu’il fallait trouver un remède pour l’alléger. Pour moi, cela passait symboliquement par l’écriture : je dis symboliquement car c’est comme déverser un flot qui permet vraiment d’alléger le cerveau. J’ai couché beaucoup d’émotions sur le papier à cette époque : cela m’a permis de les évacuer, de me désencombrer l’esprit et surtout de les accepter. Mais c’était aussi comme si je n’étais plus seule avec mon sujet en tête. Et j’étais surtout libérée.

En réalité, j’ai toujours beaucoup écrit. On commence à l’adolescence en général, ça a été pareil pour moi. L’écriture a été comme une sorte de compagnon, j’appelle même ça une canne de soutien. Et récemment, j’ai justement eu besoin de retourner vers ce compagnon, réel, mais qui restait personnel. Je suis donc retournée vers les cahiers.

 

 

Relis-tu ce que tu écris ?

Oui, je relis ce que j’écris et j’en suis plutôt contente en général ! (rires) Parfois, j’en fais même des lettres pour les gens, même si ce n’était pas mon intention de départ, puisque je fais les choses plus pour moi. Et puis, je me rends compte, au fil de l’eau, que finalement j’ai envie de partager ce quelque chose qui devait plutôt rester de l’ordre de l’intime. Ça va donc plus loin, encore…

 

 

Maintenant que tu as passé ce cap, tu écris toujours dans ces cahiers ?

Non, parce que ce point de blocage est désormais dépassé. Ce cheminement, ces mots posés sur le papier, ça parmi d’autre choses, m’ont aujourd’hui permis de réorienter ma vie, dans le bon sens. Mais cette reprise récente de l’écriture m’a aussi autorisée à me reconnecter avec une partie de moi-même que j’avais un peu délaissée. Une partie pour laquelle écrire comptait beaucoup car je voulais être journaliste. Les chemins de la vie ont fait que je suis partie sur autre chose.

 

 

Comment écris-tu ?

J’ai besoin d’être dans un contexte particulier lorsque j’écris : c’est pour cela que j’ai des moments privilégiés pour le faire. J’ai besoin d’une atmosphère propice pour conditionner mon cerveau… et donc j’ai ce carnet pour écrire les billets d’humeur notamment. Il reste toujours avec moi, car pour moi c’est obligatoire de commencer par écrire : je ne peux passer par le clavier, les mots ne viennent pas de la même façon. C’est d’ailleurs un gros problème si demain je veux sortir un livre ! (rires) Pour moi l’introspectif, et ce qui touche au personnel, ne peut passer que par la main : j’ai l’impression d’avoir une sorte de fil qui va du cerveau jusqu’aux doigts, ce qui me permet de trouver les bons mots. C’est beaucoup moins limpide sur un clavier. Et j’adore aussi les stylos et le geste de l’écriture en lui-même, créer et former des lettres… et tout cela va de paire avec l’intime.

 

 

Tu es organisée en matière de cahiers ?

Oui ! J’ai plusieurs cahiers et carnets avec chacun des fonctions particulières. Pour commencer j’ai mon carnet de blog, j’en ai aussi un dédié à l’introspection, donc à mes pensées les plus intimes, j’ai un cahier pour mon activité professionnelle, et plus terre à terre, j’ai aussi un carnet de comptes ! Je les choisis évidemment suivant la fonction que je leur attribue. J’ai bien sûr un agenda papier car il m’est absolument impossible de me résoudre à passer au digital sur ce point là. Vraiment, je déteste : j’adore avoir des milliers de ratures sur mon agenda. J’ai besoin de voir ce qui est écrit. Je fais aussi des to-do-list, à la semaine, ce qui me permet de prioriser les choses afin qu’elles ne trainent pas trop. Là encore, je ne peux pas passer aux applications dédiées.

 

 

Qu’est-ce-que t’apporte l’écriture ?

Dans la sphère intime, je dirais qu’elle m’a permis de formaliser les choses et de les sortir de mon cerveau. Elle m’aide vraiment à trouver des solutions et à passer à l’action. Ce lien que j’ai renoué avec l’écriture m’a aussi permis de me sentir réalignée avec ce que je suis. Il y avait quelque chose qui manquait. Je me battais un peu contre-moi-même. Soit j’étais « business » soit j’étais dans l’écriture et, en réalité, je peux être les deux en trouvant le bon équilibre. Cela demande du temps de s’accepter complètement, de prendre la totalité du package ! Mais après quel bonheur de se dire : je suis en accord avec moi-même…

 

Tes pratiques d’écriture remontent à loin ?

Oui, j’ai eu un journal intime à l’adolescence mais aussi un journal de poésie : selon « l’ambiance dans ma tête » je partais sur la prose ou les vers ! Et je m’éclatais vraiment à l’école en écriture ;  en français, puis en philo, ça cartonnait. J’ai même pris des cours d’écriture quand j’étais étudiante alors que je ne devais absolument pas me retrouver dans cette voie-là. Et ça a été génial. Ensuite, j’ai poursuivi mes études en littérature, en Angleterre, avec une approche différente de la notre, très tournée vers la recherche. Je devais régulièrement rendre des tas de mémoires et j’adorais ça : plancher, écrire cinq pages sur 30 lignes d’un roman, broder…

Aujourd’hui, je ne fais pas d’exercice d’affirmation ou autre pour travailler spécifiquement mon état d’esprit, mais en revanche, j’ai toujours sur moi une petite carte. Je l’ai écrite à la main, je peux la sortir si mon esprit divague vers le coté obscur ! J’arrive à me recentrer en lisant les points importants à suivre pour me remettre dans le droit chemin. Ils concernent les blocages que je connais, que j’ai analysés. Quand je me rends compte que je retombe dans un de mes travers, hop, je sors la carte et le fait de relire ce que j’ai écrit a plus d’impact qu’un livre de développement personnel par exemple.

 

 

Tu n’aurais pas envie de te lancer dans l’écriture d’une fiction ?

Mais si, c’était mon rêve absolu. C’était enfoui et c’est vraiment ressorti. Je n’ai juste pas le sujet ! Mais je me dis qu’il n’est pas possible de ne pas se lancer, même si c’était juste pour le plaisir d’écrire. Je me vois tout à fait partir six mois dans la campagne anglaise ou au Rajhastan pour me consacrer à cela : je répète, c’est mon rêve absolu… Je fais confiance aux choses, un jour cela arrivera… on n’échappe pas à son destin.

 

 

Tes cahiers, tu les aimes comment ?

Exactement comme ça ! (en montrant mon propre cahier en format A5 soit ce que l’on appelle petit format…) Il faut qu’il soit lignés et j’aime bien quand le stylo glisse sur le papier. Je les achète en général en papeterie ou au BHV, qui a un chouette rayon. Je regarde aussi en ligne parfois. Je ne prends pas tout le temps le même modèle, le choix se fait parce que j’aime bien l’illustration, la couleur… je suis assez éclectique en la matière, je peux vraiment aller sur des choses très différentes. Par exemple, mon dernier cahier business était avec une couverture bleu marine et des gros pois dorés. En revanche, j’ai un cahier venant d’Inde, que l’on m’a offert, avec une couverture en cuir travaillé : celui-là je l’ai rangé dans ma bibliothèque. Je n’y touche pas, je n’ose pas écrire dedans, c’est comme un oeuvre d’art ! Je ne jette pas mes cahiers bien sûr, j’ai même encore des cahiers de jeunesse. Ils sont tous rangés dans une armoire, le uns à côté des autres.

 

 

Question rituelle, Audrey, dans quel cahier souhaiterais-tu te glisser ?

Alors là, j’ai un nom qui me vient tout de suite : je suis passionnée d’histoire, donc je voudrais lire le cahier de Winston Churchill, vraiment ! C’était un esprit très fin et je pense que ses écrits devaient être à la hauteur. Et puis surtout il a été un des acteurs majeurs de moments-clés de notre histoire contemporaine ; savoir comment il les a anticipés, abordés, et pénétrer l’envers du décor de celui qui a contribué à façonner le monde tel qu’il est aujourd’hui, ça m’intéresserait vraiment beaucoup.

 

 

Ta phrase fétiche, mantra, la citation qui te « parle » vraiment, tu la partages avec nous ?

Il y a une phrase de Fontenelle que j’aime particulièrement :

Ne prenez pas la vie trop au sérieux de toute façon vous n’en sortirez pas vivant

Il a vécu presque centenaire – au 17ème siècle – je trouve que sa philosophie est à se rappeler, toujours.

Sinon,  un mantra qui me ressemble bien « EAT WELL, TRAVEL OFTEN », que je suis à la lettre et que j’ai souvent mis en avant dans mes profils !

En finissant notre conversation, Audrey me précise qu’elle a appris à lire toute seule, en volant les prospectus dans les boites aux lettres ! Pour elle, la lecture et l’écriture sont indissociables. « Il faut foncièrement aimer les mots pour aimer l’écriture. Moi, j’adore m’arrêter, réfléchir, trouver le meilleur mot pour exprimer ce que j’ai à l’intérieur, c’est de l’or pour moi. Capter le bon mot c’est le coeur de l’écriture ».

Cette belle conversation se termine sur cette jolie phrase.

Si vous avez envie de voir la vie dans ce qu’elle a de plus positif et par la même de découvrir la plume d’Audrey, c’est ici que ça se passe : les initiatives joyeuses et notez aussi qu’Audrey a un très joli compte Instagram.

 

À très vite pour de nouvelles conversations autour des cahiers. et n’oubliez pas si vous aussi vous avez envie de partager votre #feelgoodpapertheorie, faîtes-moi signe !